Pendant bien longtemps, j’ai vécu sans me poser cette question. Il était bien évident que c’était moi qui dirigeait ma vie et que je faisais globalement ce que je voulais. Mais alors d’où pouvait bien venir cette insatisfaction au fond de moi comme si une partie de moi savait que finalement cela n’était pas si évident que j’étais le seul maître à bord.

Mais la vie s’est accélérée de plus en plus et pendant bien longtemps je n’ai pas pris un moment pour me poser cette question : qui est le capitaine de ce vaisseau qui traverse le temps avec un tel sentiment d’insatisfaction. Si je me sentais insatisfait, c’est sans doute parce que je n’agissais pas en accord avec moi-même ou bien que je ne faisais pas ce que j’avais vraiment envie de vivre. Donc je suivais des directives extérieures.

En examinant plus soigneusement mon système de pensées j’ai bien été obligé de constater que bien souvent j’agissais pour faire plaisir à mon environnement extérieur et plus insidieusement je répétais des comportements habituels issus d’un lointain passé et qui n’avaient rien à voir avec ce que j’avais envie de vivre maintenant. Mieux encore ces croyances personnelles m’empêchaient d’aller dans le sens que j’aurais bien voulu donner à ma vie en sapant mes rêves les uns après les autres. Je me suis demandé d’où me venait cette tendance à suivre une direction extérieure et après quelques recherches je me suis rendu compte que cette tendance était partagée par des milliers de personnes qui passent leur vie à réaliser les souhaits des autres ou bien à suivre des objectifs qui les rendent malheureux.

Les écrits du Dr Julian Jaynes (à l’origine de la conscience dans le bris de l’esprit bicaméral) démontrent que jusqu’à 1000 ans avant J.C., tous les êtres humains étaient dépourvus de conscience telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’homme fonctionnait par réactions imitées ou apprises. Inconscients et innocents, ils étaient guidés par des voix ou des impressions inconscientes. Aujourd’hui, après 3000 ans, beaucoup de personnes continuent à rechercher des voix et une direction extérieures. Ceci explique le succès de l’astrologie, des voyances et du mysticisme. Ceci explique aussi notre tendance naturelle à rechercher les autorités extèrieures : experts en tous genres, guides, marabouts, gourous, médias, publicité, modes, solutions miracles…

En 2006, l’être humain reste d’une naïveté surprenante. Les sollicitations extérieures sont tellement vives et nombreuses qu’elles nous laissent très peu de temps pour nous recentrer et reprendre contact avec nous-mêmes. Publicités, radios, musiques, bruits permanents, communications multiples, télévision, téléphonie, agitations extérieures … nous sollicitent en permanence et nous empêchent de ressentir et penser en étant relié à ce qui compte le plus pour nous : notre bien-être.

C’est ainsi qu’il y a 20 ans j’ai pris la décision de couper court à toute cette manipulation. J’ai commencé par écrire tôt le matin mes impressions personnelles, mes envies et ce qui est le plus important pour moi. C’est ainsi qu’en me levant vers 5h30 / 6h00 chaque matin, dans le calme de mon habitation et loin des influences extérieures, j’ai pu définir les bases de ma nouvelle vie. C’est à cette époque que j’ai commencé à créer ma première entreprise et à me libérer peu à peu des liens de dépendance qui me reliaient au passé et aux influences extérieures. C’est tout à fait étonnant les idées qui surgissent au petit matin, à peine sorti du sommeil. Je crois que ce moment privilégié nous donne accès à des informations issues de notre inconscient, source de sagesse et de sérénité.

Je me suis aussi interrogé pour savoir ce que je recherchais à travers les avis et l’aide extérieures. J’ai compris que je recherchais une sécurité illusoire. J’avais peur de me tromper et de mal faire si je suivais mes idées personnelles. Je préférais suivre les avis des autres car cela me rassurait dans l’hypothèse toujours possible d’un échec. Après tout, si je suis l’avis de quelqu’un d’autre c’est bien lui le responsable et, en cas d’échec, je vais pouvoir jouer mon rôle de victime. N’est-ce pas plus confortable ? Par contre le fait de compter sur l’aide extérieure me place dans une situation désagréable de dépendance. Je vis dans la peur de perdre le soutien des autres car au fond de moi je pense que je ne suis pas capable d’assumer ma place dans l’univers. Finalement, la sécurité que je recherchais dans l’aide extérieure, c’est dans l’autonomie que je l’ai trouvée en décidant d’investir sur moi-même et en devenant petit à petit plus compétent dans le domaine qui me passionne le plus : le bonheur de à VIVRE MA VIE.

J’ai compris qu’en devenant plus heureux de vivre, je peux davantage apporter ma contribution au monde. La seule présence d’un homme heureux n’est elle pas un vrai cadeau pour l’univers. Cette attitude de bonheur donne à chaque personne rencontrée le droit et l’envie d’être heureuse à son tour. En cessant d’avoir un comportement de victime et en décidant une fois pour toutes de prendre ma vie en main, je deviens responsable de ce qui m’arrive. En effet, à tout moment, je peux choisir librement et en connaissance de cause mes actions et mes comportements. C’est à moi de rester vigilant pour ne pas tomber dans le piège de la direction extérieure qui peut m’emmener loin de mes vrais désirs et de ce qui est bon pour mon bien-être et pour mon environnement. Il est essentiel de prendre conscience que nous sommes chacun unique et irremplaçable. Il n’y a pas deux personnes comme nous dans le monde. Nos besoins, nos attentes sont uniques. Nos talents et ressources personnelles représentent aussi quelque chose de particulier et de tout à fait original pour peu que nous tentions de faire surgir ce qui nous caractérise le plus. Finalement, le fait de couper court aux directives extérieures est une vraie salutation car il n’y a que nous pour savoir ce qui nous convient réellement et ce qui est bon pour nous. Les avis que l’on peut demander à l’extérieur doivent être limités à un simple rôle d’avis consultatif.

C’est toujours à nous de choisir et de prendre notre décision en toute liberté en nous sentant pleinement responsable de notre choix. C’est ainsi que nous pourrons déclarer que nous sommes bien le maître à bord de notre destinée ou tout au moins de plus en plus, dès que nous aurons développé notre capacité à sentir par nous-mêmes ce qui nous convient et ce qui correspond vraiment à ce que nous avons envie de vivre. Bien sûr, il reste encore des forces ennemies à identifier : ce sont celles qui se manifestent à l’intérieur de nous-mêmes et qui sont aussi très habiles pour saper nos rêves mais cela fera l’objet d’un prochain article, si cela vous intéresse…

N’hésitez pas à exprimer ce que cet article provoque en vous comme impressions et idées personnelles. Celles-ci pourront venir enrichir le contenu de ce dossier.

A bientôt,
Donatien Jeanjean

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